Apofenia

Apofenia, ou état des lieux d’une analepsie.

Un artiste peint pour avoir quelque chose à regarder et parfois il doit écrire pour avoir quelque chose à lire. Barnett Newman. Écrits, 1949

Du grec Apophaino, Apophénie Apparaître, mettre en lumière. En psychiatrie, l’Apophénie est une altération de la perception qui conduit un individu à attribuer un sens particulier à des événements banals en établissant des rapports non motivés entre les choses. Du grec Analepsis, lepsis Prise. Dérivé du mot analambano de ana en/sur et lambano prendre.Prendre en main.
Récupération des forces à la suite d’une fragilité corporelle et spirituelle. Situation particulière de trouble.

Apofenia, projet conçu en juin 2023 sur une période d’un mois exclusivement de nuit, de 2h à 7h du matin. Un travail nocturne, dans un temps particulier, d’isolement et d’état « d’extranéité » corporelle et spirituelle, le corps étant en convalescence et l’esprit dans une vigilance inédite. Le travail consistait, à travers un pinceau et de l’encre de Chine, en une reprise en main d’une force picturale et d’une expérimentation d’un espace-temps quasi dans les limbes. Une forme d’écriture automatique par le pinceau, tout en encre de Chine et jeu de transparences, avec le papier de riz, qui à travers la technique du marouflage permet à l’encre de Chine un subtil effet de palimpseste. Une écriture qui apparaît ou disparaît selon l’effet du marouflage. Une forme d’ascèse, où la mobilité du corps est réduite a minima.

Apofenia. Pigment, encre de Chine. Polyptyque, 170x360cm.

Une lecture en 3 temps.

La première, la majeure partie du polyptyque , étant la collecte graphique, un magma de traces gestuelles, une longue suite d’inscriptions d’une écriture à l’encre formant une graphie visuelle, comme une tentative de communication non lisible et quasi anarchique.

La deuxième est comme une saturation de ce magma gestuel, quasi monochrome, tout en noir, comme une finitude du geste, l’épuisement du mouvement à tracer. Paradoxalement, elle se présente comme un tableau d’écolier: tableau noir symbole du support pour écrire et communiquer lisiblement.

La dernière partie est un assemblage de pages vierges. Finalement, laisser l’espace de l’écriture à l’autre, pour entrer en communication quand le corps s’épuise physiquement et moralement, et se trouve dans un isolement nocturne éveillé, où le silence est assourdissant et hypnotique.

Apofenia. Série de 12 peintures. Pigment et encre de Chine, marouflage papier de riz japonais sur papier Rives BFK. Polyptyque de 170 x 360cm.

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