
Peindre signifie, penser avec son pinceau. Paul Cézanne.
Peindre c’est aussi créer la réalité. Antoni Tapiès.
La démarche artistique et picturale que défend Cécile Donato Soupama est depuis toujours centrée sur la conscience de la complexité et de la diversité de l’autre. Ayant jusqu’à aujourd’hui presque toujours vécu en expatriée, le goût de l’ailleurs et la rencontre avec d’autres horizons, langues et couleurs nourrissent et inspirent son approche artistique.
Son engagement passe par la prise de conscience de l’humain, son rapport à l’autre, son identité, sa difficulté à communiquer.
La pensée de Cécile Donato Soupama passe par son pinceau et se traduit par une peinture abstraite gestuelle, lyrique dont le médium est essentiellement le pigment, cette poussière pauvre, colorée qui sublime toute empreinte. Une technique fatta a mano, un mélange de pigment, eau et liant d’où surgit une réalité tout en onctuosité, substance, matière, mouvement, geste, trace…
Un rapport à la matière, la forme et la texture chromatique, dynamisé par cet unique trait de pinceau cher à Shitao. Un élan gestuel qui se manifeste à travers la matière pigmentaire mais aussi à travers le trait. La trace d’une écriture, d’une graphie, celle d’un mot, d’une phrase, d’une ligne. Un jeu graphique à la mine de plomb où se confrontent l’illisible et le lisible.
Sa démarche picturale s’est exprimée sur la toile et plus récemment sur le papier. Des polyptyques de grands formats qui se nourrissent dans un premier temps d’un mot, d’un texte… Souvent un clin d’œil aux classiques grecs, poètes et philosophes du passé, toujours actuels. Une prédilection pour les racines latines et grecques donc qui font échos à des influences plus contemporaines comme celle d’Henri Michaux, pour ne citer que lui.
L’approche visuelle de Cécile Donato Soupama fonctionne comme une lecture linéaire. La technique du polyptyque permet une suite de peintures comme une suite de pages et donne à lire les soubresauts de la psyché humaine, sociale et politique.
Faites toujours que votre tableau soit une ouverture au monde. Léonard de Vinci. Plus qu’un Mantra c’est un devoir, le leitmotiv tout au long de son parcours artistique. La démarche picturale de Cécile Donato Soupama est au cœur des fluctuations humaines, elle est d’une actualité plus que pertinente, brûlante. Les titres des œuvres en témoignent.
En 2019, Medius Terra, au milieu des terres, à partir d’une œuvre d’Erri di Luca, Le dernier voyage de Sindbab, où il est question de dérive humaine par association de cartes maritimes, d’une palette de mots et de pigments.
En 2020, Anamnèse, ou l’oubli qu’ils ne seront pas, projet de peinture pour rappeler à la mémoire ceux qui ont placé au coeur de leur pensée, l’enjeu de la condition humaine : Homère, Dante, Peppino Impastato, Roberto Saviano, Giovanni Falcone…
Orbis Terrae, ou la cartographie d’une itinérance, un projet de peinture à travers la conscience rétinienne d’un horizon infini, l’omniprésence de la mer, ce vaste espace méditerranéen, une tentative de cartographie de la vague migratoire.
En 2021, Dissidentia, l’entropie salvatrice d’une dissidence, où il est question de confrontation des différentes manières de voir les évènements sociaux, politiques et les rapports humains.
En 2022, avec la série Iteratio, il t’est instinct et instant, ces thématiques se poursuivent.
Ainsi se succèdent en 2023 Apofenia, état des lieux d’une analepsie ; Atlas, carte mentale ; Resonantia / dissonantia, anatomie d’un lieu. 2024, Alteritas; Orbis terrae II.
Cette démarche picturale se fait l’écho d’une réflexion sur la complexité humaine. L’intention est de prolonger, partager, contribuer avec les pinceaux au dialogue des valeurs communes en constance fluctuation. Una cosa mentale.
